Wroum, Wroum ......
La vibration du gros Twin en V m'inonde la carcasse, de la pointe des pieds à la racine de mes cheveux déserteur . Pareil à un gros " B52 ", la vibrante mécanique s'ébroue, le râle que braille les deux échappements déguisés en phallus chromés, ressemble au rugissement d' un lion . Je dois reconnaitre que c' est carrément jouissif de ressentir le ballet des deux cylindres qui entrainent le vilebrequin . Faut dire que je suis littéralement assis sur le moteur, tel un matador monté sur ressort .
Ah, les belles italiennes, qu'il s'agissent des pépées ou des motos, y'a pas à dire, ça en jette, en tout cas pour ce qui est de ma " moto-guzzi ", c'
est sur, " elle envoie du lourd " comme on dit dans le milieu !
Au moment de couper les gaz , je tourne l' accélérateur histoire de faire mugir la bête ; la douce mélodie parvient à mes oreilles, je
coupe le contact, balance négligemment ma jambe en arrière et descend de ma monture tel un cowboy, bon d' accord je suis au paroxysme de la " frime ", mais putain que c' est bon !
Les sensations procurées par la Guzzi sont littéralement uniques, un peu comme Angèle, qui à sa manière symbolise la quintessence d'
une mécanique parfaite . Et comme toujours de ses mains, via le clavier, le frimeur vancruxifort transforme le plomb en or, juste un subtil descriptif de ce qui rempli mes mirettes .
Encore un domaine à explorer, toujours plus, aller dénicher, le domaine des sensations ça me connait . Mais bon revenons dans le vif du
sujet, étaler sur la toile les aventures sexuello-cosmiques de mister and miss Vancruxifort, c'est à dire , raconter cette appétence des deux tourtereaux pour le sexe !
Je bloque le neimane de la machine, flatte la bête de la main en tapotant la selle, le soleil fait briller la belle de mille feux, la
peinture, rouge ferrerai de ma nouvelle copine illumine mon âme d' enfant, je souris bêtement, je suis un vrai " petit garçon " pense Angèle qui m' observe du coin de l' oeil . Gamin, mais
gentleman j' attrape le casque de mon angelesque passagère . Avec ses cheveux ébouriffés, bardée de sa combinaison de cuir moulant, elle ressemble à cat - Woman .
On a rencard avec un couple, d'un commun accord la rhumerie du quartier nous sert de premier bivouac, téléphone à la main je me fais guider
à distance par nos futurs copains de jeux, soudain j' aperçois un gus qui agite le bras à se déboiter l' épaule, il a visiblement reconnu le robe mauve flache qui moule Angèle, la môme lolitex
lui a envoyé une photo d' elle emballée dans sa parure dix minutes plus tôt .
Pour l' instant je n' aperçois que le sourire du bras qui s' agite, celle qui lui fait face et qui nous tourne le dos ne laisse entrevoir
qu'une longue paire de jambes interminables qui disparaissent dans des talons aiguilles encore plus long !
L'agité du bras se lève de la table et nous accueille chaleureusement , il écrase mes cinq doigts au passage tellement il est content que l' on
soit venu . Tout en récupérant ma main meurtrie je me tourne histoire de voir la copine de l' écraseur de doigts . - "Hummm ! " ce hummm résonne trop fort dans ma tête, j' ai l' impression que
toute l'assemblée a entendu mon exclamation intérieur !
" Bras agité "arrive à mon secours et fait les présentations, je lâche une bise à la joue inconnue qui se tend, je hume au passage le parfum qui
se dégage de la nuque, m' exclame à nouveau " hummm" en mon fort intérieur, ben oui ça sent bon, et la fleur est à la hauteur du parfum qu'elle dégage, autant dire une véritable edelweiss.
Nous scrutons la carte en silence, Angèle me regarde, je regarde Angèle," bras secoué " regarde Angèle, Edelweiss fixe "bras agité" qui semble
avoir oublié le reste de la planète, un long silence envahi la conversation avant que "bras agité" ne sorte de sa contemplation, rappelé à l'ordre par Edelweiss qui sort la tête de la carte, elle
plonge son regard dans le mien, tend la carte à son ami en énonçant sa commande, elle me sourit, les petites lunettes qui surplombent son petit nez lui donne quelque chose d'indéfinissable, un je
ne sais quoi de " hummm ".
Une fois les premiers rhums avalés les langues se délient, nous expliquons chacun à notre tour le pourquoi du comment on a mis un jour le
pied, voir les deux, dans le monde si particulier du libertinage . Pas de surprise, c' est bien une irrésistible envie de nouveauté, de sexe et de complicité qui conduit certains couples a
s' offrir la carte " multi passe " . S'accorder la liberté, celle là même interdite par la bien séance . La finalité de cette recherche est, pour faire court : le plaisir . Pour arriver à ses
fins , et bien que la destination finale soit la même pour tous , les chemins qui conduisent à ce nirvana sont propres à chacun .
Quand je parle des chemins je devrais dire les étiquettes , à chaque route correspond son étiquette, il y a les bi , les hétéros, les
cotes à cotisttes, les mélangistes, les adeptes du BDSM, les voyeurs, les dominants, les dominés, les séminaristes, bref toute une clique interminable de noms, de suffixes pour définir son
orientation et ses penchants . Vous vous doutez que les Vancruxifort sont " non assimilable à un quelconque étiquetage "
Adorateur du sexe et de belles choses, bien que sensible à l' esthétique plastique des personnes de même sexe nous n'en restons
pas moins d' indécrottable hétérosexuels . Et ce pour mon plus grand malheur, Angèle a le don d' attirer des nymphettes en mal de féminité, en effet de manière récurrente la belle se fait
brancher par de belles amazones, désireuses de lui brouter le gazon ( oh ! l' horrible expression ! mais tellement adapté à mon propos … ) , elle accepte éventuellement selon le moment de rouler
une galoche à une spécialiste en jardinage si cette dernière lui plait, et surtout si la galoche en question peut servir d'introduction à son fidèle vancruxifort .
Ce soir crépusculaire de septembre se présente à merveille, nos nouveau acolytes forment un bien joli couple et le rhum est délicieux pour
un samedi de septembre !
Profitant que les deux filles discutent à battons rompu, et de l' absence de mon collègue trop occupé à dévorer du regard la bavarde
Angèle ( c'est rare ), je plonge mon regard périscopique dans le décolleté de son interlocutrice, je réfrène l' envie délirante de plonger ma tête au chaud et au confins de ces deux généreuses
collines, après une longue inspiration je reprend difficilement mon souffle . Je remonte mon champs de vision et rencontre l' oeil aiguisé et noir de la jolie Edelweiss, les petites lunettes ne
gâchent rien, bien au contraire, cela donne à prime à bord un petit coté sérieux, voir coincé, mais dans un second temps, diantre non , car, dés que la muse se met à parler, le son, et le contenu
des mots qui sortent de sa bouche, ( at-on déjà parlé de sa bouche d' ailleurs ? Non ? pas encore ? )
Bref, passé le premier instant, et encore plus passé trois rhums, les lunettes de Miss Edelweiss revêtent une dimension beaucoup plus
coquine . Mon degrés d' alcoolémie a désormais largement dépassé le seuil autorisé, on parle ouvertement de gaudriole, on se fends la poire comme quatre vieux potes .
Au milieu de tout ça, les regards fusent, profonds, directs, les pupilles étincelles, des éclairs de séductions massives traversent notre
univers restreint au cercle de la table . Cette fois, le doute n' est plus possible, on est tout les quatre séduits, on se trouve beaux, et bien que civilisée et polie, la discussion n' en est
pas moins profonde et intense, la sauce a tellement bien pris que l'on a pas vu le temps défiler, trop tard pour envisager un second round, de toute façon l' alcool ne fait que rarement bon
ménage avec une performance à la Vancruxifort ! Nous terminons la dernière tournée, je tente une réanimation sur ma petite personne en ingurgitant un café noir, sans effet sur mon état . En
seconde intention je bois un litre d' eau glacée ultime tentative désespérée pour reprendre mes esprits …
Quand enfin nous prenons congé de nos copains de beuverie, après moult accolades, une bonne trentaine de bisous, après un dernier plongeon
dans le décolleté edelweistique, nous partons à la recherche des 750 centimètres cubes de ma rougeoyante motocyclette .
Bien plus tard, arrivé at home, je fonce aux waters déverser un litre d' eau, un café noir, deux rhums vieillis en fut de chêne, un ti punch, trois planteurs, un gurronzan ( pris à 18h pour tenir le choc ) et un litre de jus de goyave qui a accompagné le gurronzan .
Ouf ! , ça fait drôlement du bien ! La tête remplie d' images, je sombre au fond de mon oreiller . Je garde au chaud tout ses nouveaux souvenirs qui viendront attiser mon désir, un peu plus tard,
les relents d' alcool disparus, alors, la libido aiguisée par cette soirée je partirais conquérir ma princesse au camélia, j'attiserai son désir du feu de mes souvenirs, des centaines, des
milliers, entassés, amassés, ramassé, cueillis comme une Edelweiss …
Aparté ,le treize juin 91 ,ou 92 , je ne sais plus , j' ai commencé à voyager dans l' ame de l' humanité , visiter ce labirynte
, en découlle tout un tas d' idées , voici ma derniére évocation en ce début mars , mois des fous disent certains .............
Rencontré par hasard , ce jour blafard , je trainais sans crier gare , las de la vie une vraie bagarre , j'errais sur la toile , scrutant les étoiles , elle filait là , commette de Halley , en approchant la lunette astronomique de mon oeil ahuris je vis se dessiner dans la nuit une trop jolie souris , une petite souris travestie en fleur, une fleur des prés , je me souviens , une Pivoine , cette petite fleur coquine m' a rappelé que je n' étais pas moine … et que bientot le printemps pousserait l' hiver , alors fleurirait de jolies fleurs .
Des edelweiss , des roses , des violettes , des paquerettes , des tulipes hollandaises , mais aussi et surtout des pivoines ...